đ„ Ce Qu Il Ya De Fou Dans Le Monde
Memoriesprend logiquement la forme dâune anthologie en trois volets indĂ©pendants, dont Otomo ne rĂ©alise que le dernier segment, confiant les deux autres Ă de jeunes pointures : Koji Morimoto
Pour moi la nourriture reste ce qu'il y a de plus important. C'est ce qui connecte les humains dans le monde. Elle touche tous les sujets, la crise, la pauvreté, la gastronomie, la culture
Uneproche de Poutine tuée à Moscou: \ La journaliste et politologue Daria Douguine, fille d'un idéologue ultranationaliste proche de Vladimir Poutine, Alexandre Douguine, a été tuée samedi
LespĂšce humaine est susceptible de prendre le mĂȘme chemin que beaucoup d'espĂšces que nous avons dĂ©jĂ vu disparaĂźtre ." dĂ©clare t-il dans son interview. " Homo sapiens devrait disparaĂźtre, peut-ĂȘtre dans 100 ans ", dit-il. " Un grand nombre d'autres animaux Ă©galement. C'est une situation irrĂ©versible.
Presquedeux ans aprĂšs la disparition de Johnny Hallyday, emportĂ© Ă 74 ans par un cancer du poumon, la douleur est toujours prĂ©sente dans le cĆur de ses proches et de ses fans.Et si les deux
Lemilliardaire Bill Gates nâa pas machĂ© ses mots au sujet des NFT et des crypto, quâil qualifie de « 100 % fondĂ©s sur la thĂ©orie du plus grand fou ».
Forceest de constater que ce toujours plus quâon nous rĂ©clame, se traduit par un toujours moins dans la vie du quotidien: moins de temps Ă passer avec sa famille,
Raisonet folie - Serge Carfantan. Leçon 89. Raison et folie. Nous nous servons dans le langage courant du terme « fou » Ă tort et Ă travers. Le « fou » peut dĂ©signer celui qui joue lâexcentricitĂ© : « tu es fou ! ». Le fou, câest celui qui nâest pas « normal ». Le fou renvoie Ă des exemples extrĂȘmement diffĂ©rents, tels la
Cen'est pas un hasard si Damien est une machine de Motus. Ce n'est d'ailleurs pas la premiÚre fois qu'il gagne, explique-t-il: «J'adore les jeux de lettres. J'avais déjà gagné en 10 lettres
LasĂ©rie F regroupe les vĂ©hicules de recherche et les innovations de la marque allemande. DĂ©voilĂ©e Ă Londres il y a quelques semaines, la F200 prend lâ allure dâun jeu vidĂ©o au sens propre du terme. Oubliez le tableau de bord classique, le volant et les pĂ©dales, qui accessoirement, servent Ă faire avancer votre vĂ©hicule.
Téléchargementde MP3 chrétiens Ce qu'il y a de fou dans le monde [ Cté du Chemin Neuf Réf: P001030 Produit original: a.m.e CD2-18] - Ce que Dieu a choisiRéférences bibliques :
Cependant j'ai quand mĂȘme Ă©normĂ©ment de mal Ă concevoir qu'autant de monde ne sache pas ce genre de choses vu le martellement (que je soutiens totalement) sur les
Lireaussi « Covid-19, et la vie bascula », Le Monde diplomatique, avril 2020. On se demande ce qui lâa piquĂ© â en mĂȘme temps il faut admettre : quand une vidĂ©o appelĂ©e Ă demeurer dans la mĂ©moire collective montre AgnĂšs Buzyn, ci-devant ministre de la santĂ©, dĂ©clarer fin janvier quâĂ©videmment le virus restera Ă Wuhan et quâil nây a aucune chance
Chlorisassise tranquillement dans sa chaise se retrouvait clouĂ© au sol et ne pouvait plus bouger, autour tout tournait. Elle se sentit extrĂȘmement mal comme si-35% Le deal Ă ne pas rater : KRUPS Essential â Machine Ă cafĂ© automatique avec broyeur Ă
1Corinthiens 1. 26 FrĂšres, vous qui avez Ă©tĂ© appelĂ©s par Dieu, regardez bien : parmi vous, il nây a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants
5lhnw. Ă la fin du xixe siĂšcle, le surnaturel est furieusement Ă la mode on explore les maladies mentales, on se pique de pratiquer l'hypnose⊠et on frĂ©mit en lisant des nouvelles et des contes fantastiques. En intĂ©grant les derniĂšres dĂ©couvertes mĂ©dicales, ses angoisses et ses hallucinations, Maupassant renouvelle le quoi le Horla est-il emblĂ©matique du conte fantastique ?I. Les caractĂ©ristiques du Horla1. Un conte fantastiqueâą Le Horla est un conte fantastique, c'est-Ă -dire qu'il met en scĂšne deux logiques opposĂ©es l'une rationnelle, l'autre trouve dans le conte fantastique un dĂ©cor rassurant, quotidien, connu J'aime ma maison oĂč j'ai grandi », des personnages familiers et pleins de bon sens ». Dans ce monde raisonnable font irruption des faits inexplicables [âŠ] et elle resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile » ; l'aspect surnaturel est renforcĂ© par l'abondance de dĂ©tails rĂ©alistes, le souci de dĂ©crire Horla, comme la plupart des contes fantastiques de la mĂȘme Ă©poque, laisse au lecteur la possibilitĂ© d'interprĂ©ter selon l'une ou l'autre logique. Soit le narrateur est fou DĂ©cidĂ©ment, je suis fou ! », soit le surnaturel existe Cette fois, je ne suis pas fou. J'ai vu⊠».2. Le rĂ©sumĂ© de l'histoireLe narrateur tient son journal, du 8 mai au 10 septembre. L'action se dĂ©roule donc sur un peu plus de quatre mois.â Mai une bonne journĂ©e passĂ©e dans son jardin, Ă regarder les bateaux. Deux jours plus tard, il se dit malade et inquiet. Sa belle humeur l'a quittĂ©. Passent deux jours sans que sa maladie ne le quitte. Son mĂ©decin le rassure. MalgrĂ© les mĂ©dicaments, l'inquiĂ©tude persiste. Il note sa nervositĂ©, sa peur de se coucher le soir. Il fait d'affreux cauchemars et rĂȘve qu'on l'Ă©touffe dans son sommeil, en pesant sur sa poitrine.â Juin son Ă©tat ne s'amĂ©liore pas. La solitude du bois, lors d'une promenade, l'inquiĂšte ; il a l'impression d'ĂȘtre suivi et a du mal Ă retrouver son chemin. Il dĂ©cide alors de partir un peu, pour se changer les idĂ©es.â Juillet un mois plus tard, il reprend son journal et y raconte sa visite au Mont Saint-Michel. Ă la question faut-il croire Ă ce qu'on ne voit pas ? » le moine qui l'accompagne rĂ©pond par l'affirmative. Le narrateur remarque que les cauchemars de son cocher sont semblables aux siens. DĂšs la deuxiĂšme nuit chez lui, ces rĂȘves deviennent intolĂ©rables, au point qu'il songe Ă repartir. La nuit suivante, il remarque qu'une carafe d'eau, pleine la veille, se trouve vide le lendemain matin. Le narrateur dĂ©cide de tenter quelques expĂ©riences seuls l'eau et le lait semblent disparaĂźtre. Il constate enfin qu'il ne peut s'agir de somnambulisme. TrĂšs effrayĂ©, il part pour Paris, s'y distrait et se moque de ses frayeurs passĂ©es. Il assiste Ă une sĂ©ance d'hypnotisme qui le trouble beaucoup.â AoĂ»t dans le jardin, une rose, cueillie par une main invisible, est restĂ©e suspendue en l'air devant le narrateur. Il est persuadĂ© de la prĂ©sence d'un ĂȘtre invisible. Le lendemain, il se demande s'il ne devient pas fou et se sent obligĂ© de rentrer, mu par une force obscure. Il a peur, dĂ©cide de partir, sans y parvenir. Ă Rouen, il emprunte un livre sur les phĂ©nomĂšnes surnaturels. Il n'arrive pas Ă se rendre Ă la gare et ordonne au cocher, contre sa volontĂ©, de rentrer. Il s'aperçoit que les pages du livre tournent toutes seules. Il essaie de saisir l'ĂȘtre invisible qui s'enfuit par la fenĂȘtre. Le narrateur dĂ©cide de le tuer. La lecture d'un article scientifique sur une Ă©pidĂ©mie de folie » sĂ©vissant au BrĂ©sil le convainc que l'ĂȘtre invisible, qu'il baptise le Horla, s'apprĂȘte Ă envahir le monde. Il ne se sent plus maĂźtre de ses pensĂ©es. Le soir mĂȘme, il tente d'attraper le Horla, se retrouve face Ă son miroir, qui ne lui renvoie plus son image. Le lendemain, il fait poser porte et volets de fer Ă sa chambre.â 10 septembre derniĂšre page du journal. Le narrateur a enfermĂ© le Horla dans sa chambre et a mis le feu Ă la maison. Tout Ă son projet, il avait oubliĂ© que ses domestiques y dormaient aussi. La seule chose qui le prĂ©occupe, pourtant, est de savoir si le Horla est bien mort. Ce n'est pas si sĂ»râŠII. Les personnages1. Le narrateurâą Le narrateur ne donne aucun indice concernant son identitĂ©. C'est un homme j'ai passĂ© toute la matinĂ©e Ă©tendu sur l'herbe », normand, qui n'a pas besoin de travailler. Il est cultivĂ© et curieux Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde Scientifique » et analyse de façon trĂšs prĂ©cise, presque scientifique, ses sensations un simple malaise, un trouble de la circulation peut-ĂȘtre, l'irritation d'un filet nerveux, un peu de congestion ». Il n'est ni fou ni crĂ©dule Les faits qu'il avança me parurent tellement bizarres, que je me dĂ©clarai tout Ă fait incrĂ©dule. », ce qui rend son tĂ©moignage plus lecteur de la fin du xixe siĂšcle peut donc s'identifier aisĂ©ment au narrateur, ce qui renforce la violence du surnaturel et la montĂ©e de l' Le Horlaâą Les preuves que rĂ©unit le narrateur de l'existence d'un ĂȘtre invisible » peuvent former une sorte de portrait du Horla. Son corps ne paraissait point possĂ©der de contours nettement arrĂȘtĂ©s, mais une sorte de transparence opaque. Il boit de l'eau et du lait sans paraĂźtre toucher Ă aucun autre alimen. » Il semble parfois craintif [âŠ] il s'Ă©tait sauvĂ© ; il avait eu peur, peur de moi, lui ! ».Le Horla, c'est l'Autre, mystĂ©rieux, qui cristallise les peurs J'ai peur⊠de quoi ? ». Son nom mĂȘme exprime cette Ă©trangetĂ© hors de lĂ , qui fait aussi penser au horsain, mot normand pour dĂ©signer l' Les thĂšmes1. La folieâą Chaque page du journal commence par une sorte de bulletin de santĂ©. Le narrateur est d'abord simplement souffrant Je suis malade, dĂ©cidĂ©ment !, Mon Ă©tat, vraiment, est bizarre. ». TrĂšs vite, il fait rĂ©fĂ©rence Ă la folie Je deviens fou, dĂ©cidĂ©ment, je suis fou !, je me demande si je suis fou. ». Il dĂ©cline alors le thĂšme de la folie, sous toutes les formes connues par la science ou la religion hallucinations, dĂ©mence, troubles, fantasmagories, dĂ©lire » et jusqu'Ă la possession par le Le surnaturelâą Le narrateur dĂ©crit prĂ©cisĂ©ment les manifestations surnaturelles auxquelles il assiste je vis, je vis, distinctement, tout prĂšs de moi » une rose cueillie par une main invisible, l'eau disparue de la carafe, les pages d'un livre tournant toutes seules, le reflet du narrateur kidnappĂ© » dans son miroir. Dans le Horla, le surnaturel est donc essentiellement marquĂ© par l'invisible L'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances ».3. Le doubleâą Maupassant connaissait les dĂ©couvertes de son Ă©poque en psychiatrie. Il exploite le thĂšme du double dans ce sens il y a dans l'ĂȘtre deux moi » contradictoires, l'un normal et logique, l'autre inquiĂ©tant et irrationnel. Le narrateur se sent menacĂ© par ce second moi » devenu un autre un ĂȘtre Ă©tranger, inconnaissable et invisible, anime, par moments, quand notre Ăąme est engourdie, notre corps captif qui obĂ©it Ă cet autre ». Pour se dĂ©barrasser de ce double qui prend possession de lui, le narrateur n'a qu'une issue se tuer Alors⊠alors⊠il va donc falloir que je me tue, moi !⊠».IV. Les techniques1. Le journalâą Maupassant choisit la forme du journal intime. Le narrateur consigne le soir les Ă©vĂ©nements de la journĂ©e. Il emploie la premiĂšre personne. Cela permet de pĂ©nĂ©trer les sentiments du personnage et lire son histoire sur le vif. Le journal se caractĂ©rise donc par un certain dĂ©sordre le narrateur ne prend pas de recul par rapport Ă ce qui lui arrive ; il est encore sous l'emprise de ses angoisses quand il prend la plume. L'aspect dĂ©cousu de ses remarques favorise le fantastique.âą Le rĂ©cit est irrĂ©gulier, fragmentaire le narrateur Ă©crit parfois tous les soirs du 3 au 6 juillet par exemple, d'autres fois il passe un mois sans Ă©crire le 2 juillet suit le 3 juin. Ainsi alternent les accĂ©lĂ©rations, moments de panique et d'affolement, et les La ponctuationâą Maupassant utilise tous les signes et joue particuliĂšrement avec les signes de ponctuation expressifs points de suspension, d'exclamation, d'interrogation. La ponctuation donne son rythme au texte. Au dĂ©but du livre, elle est surtout constituĂ©e de points et de virgules. Dans les passages de peur ou d'affolement, le rythme est saccadĂ©, les signes de ponctuation se bousculent Non⊠non⊠sans aucun doute⊠Alors ?⊠alors ?⊠» ; on relĂšve alors huit signes de ponctuation pour sept mots, ce qui exprime bien la confusion du Qui est Maupassant ?âą Guy de Maupassant travaille dans l'administration et frĂ©quente Flaubert un ami de sa mĂšre et Zola, qui resteront pour lui des modĂšles littĂ©raires. Il publie aussi des contes et des nouvelles rĂ©alistes dans lesquelles il peint les bourgeois et les paysans normands. En 1877, apparaissent les premiers symptĂŽmes de sa maladie, la syphilis. Celle-ci qui provoque de nombreux troubles de la vue, du sommeil, et des maux de tĂȘte, qui ne cessent de s'aggraver. Il suit pendant deux ans les cours de Charcot, cĂ©lĂšbre psychiatre, Ă l'hĂŽpital de la SalpĂȘtriĂšre, Ă Paris, et publie le Horla en 1887. InternĂ© en hĂŽpital psychiatrique, il meurt en 1893.
Des Ă©vĂ©nements rĂ©cents sont venus nous remettre Ă lâesprit le risque dâune guerre nuclĂ©aire, qui continue de peser sur le monde oĂč nous vivons. Certes je considĂšre improbable que lâun ou lâautre camp prenne dĂ©libĂ©rĂ©ment la dĂ©cision de plonger le monde dans les horreurs insoupçonnĂ©es et les dĂ©vastations quâentraĂźnerait une guerre nuclĂ©aire totale. Mais aussi longtemps que notre sĂ©curitĂ© dĂ©pendra du maintien de lâ Ă©quilibre de la terreur » mieux vaut regarder en face le risque quâune telle situation comporte. Le danger dâune rĂ©action en chaĂźne en cas de guerre nuclĂ©aire dĂ©truit dâailleurs lâargument rĂ©confortant selon lequel lâabondance des armes nuclĂ©aires a aboli le risque dâune guerre totale. On a de bonnes raisons de croire que mĂȘme les prĂ©dictions les plus osĂ©es quant aux ravages que causerait une guerre nuclĂ©aire gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou totale ne sont pas exagĂ©rĂ©es. Il nây a personne pour soutenir que le monde serait encore ce quâil est aujourdâhui aprĂšs une telle guerre. Toutefois, bien quâil y ait naturellement de grandes diffĂ©rences entre les effets produits par les grosses bombes atomiques et ceux des armes nuclĂ©aires plus petites, ce serait Ă mon avis une erreur de supposer que lâon pourrait employer ces derniĂšres sans courir au moins le grave risque de ne pouvoir limiter les hostilitĂ©s aux petites armes nuclĂ©aires. On se rĂ©fĂšre souvent Ă la nĂ©cessitĂ© quâil y aurait probablement pour lâ Ă un premier stade, de sâen remettre Ă lâemploi de ce quâon appelle les armes nuclĂ©aires tactiques ; et dans de tels propos ces armes sont souvent assimilĂ©es Ă une simple forme dâartillerie amĂ©liorĂ©e. Mais, eu Ă©gard Ă la puissance de feu et Ă la force de destruction des moindres engins nuclĂ©aires, je considĂšre que cette classification est absolument aberrante. La seule distinction valable qui puisse ĂȘtre faite est entre armes nuclĂ©aires et armes non nuclĂ©aires. Lâexistence de la sociĂ©tĂ© humaine en question Les effets produits par les armes nuclĂ©aires ont fait lâobjet dâĂ©tudes acadĂ©miques rĂ©alisĂ©es par des experts en stratĂ©gie, particuliĂšrement aux Etats-Unis, oĂč les publications officielles ont fait paraĂźtre sur ce sujet de nombreuses informations. Dans son livre sur la guerre thermonuclĂ©aire On thermonuclear War, M. Herman Kahn pose la question Les survivants envieraient-ils le sort des morts ? » ; de son cĂŽtĂ© le professeur Oskar Morgenstern Ă©crit Peut-ĂȘtre que mĂȘme les auteurs de science-fiction ne peuvent imaginer vraiment ce que cela signifierait pour les survivants de voir cinquante, quatre-vingts ou cent millions de gens tuĂ©s en quelques jours, en quelques heures ou en quelques minutes, et des dizaines de millions dâautres gravement atteints et vivant sans espoir dans des taudis, dans lâatmosphĂšre empoisonnĂ©e des dĂ©bris radioactifs. » Enfin dans un livre rĂ©cent, On the prevention of war, M. John Strachey, aprĂšs avoir passĂ© en revue les faits tels quâils sont, conclut que mĂȘme une seule guerre nuclĂ©aire viendrait remettre en question lâexistence de la sociĂ©tĂ© humaine organisĂ©e. Une sĂ©rie de guerres du mĂȘme genre y mettraient Ă coup sĂ»r un point final ». Le terme dâarme nuclĂ©aire est couramment utilisĂ© pour dĂ©signer indiffĂ©remment toute arme tirant sa puissance explosive soit de la fission, soit de la fusion nuclĂ©aire. Mais le terme Ă fission » sâapplique spĂ©cifiquement Ă une arme atomique » de lâordre dâun kilotonne, tandis que Ă fusion » correspond Ă une arme Ă hydrogĂšne » ou thermo-nuclĂ©aire » de lâordre du mĂ©gatonne. La production », autrement dit la puissance, des moyens nuclĂ©aires se mesure en tonnes Ă©quivalant aux quantitĂ©s dâexplosifs classiques TNT et sâexprime soit en kilotonnes Kt â 1 Kt vaut 1 000 tonnes de TNT â lorsquâil sâagit dâarmes atomiques ou Ă fission », soit en mĂ©gatonnes Mt â 1 Mt vaut 1 000 000 de tonnes de TNT â sâil sâagit de bombes Ă fusion » ou thermonuclĂ©aires. Une bombe Ă fission du type Hiroshima 20 Kt Ă©quivaut donc Ă une force explosive de 20 000 tonnes de TNT, et une bombe Ă fusion de 10 Mt produit une Ă©nergie Ă©gale Ă celle de 500 bombes Ă fission de 20 Kt. A titre de comparaison, on se rappellera que les bombes trĂšs lourdes du type classique lancĂ©es dâavions au cours de la derniĂšre guerre Ă©taient de lâordre dâune tonne. Les plus lourdes contenaient 6 tonnes de TNT et pouvaient dĂ©truire une rĂ©gion couvrant Ă peu prĂšs 300 mĂštres carrĂ©s. Une bombe de 20 Kt peut, elle, dĂ©truire des constructions en brique de type courant sur une surface de 8 kilomĂštres carrĂ©s et peut causer des dĂ©gĂąts considĂ©rables, par suite des radiations, sur une surface double. Une bombe de 10 Mt cause la destruction dâune rĂ©gion couvrant environ 400 kilomĂštres carrĂ©s, et ses radiations peuvent ravager plus de 20 000 kilomĂštres carrĂ©s. Elle pourrait donc anĂ©antir complĂštement une zone construite qui possĂ©derait les dimensions de lâune des plus grandes capitales du monde. On a calculĂ© que, pour un pays comme la France, de 500 000 Ă 600 000 kilomĂštres carrĂ©s, peuplĂ© de 40 Ă 50 millions dâhabitants, la destruction totale des moyens de vie serait rĂ©alisĂ©e avec 6 000 bombes Ă fission, ou de 20 Ă 30 bombes Ă fusion, pourvu quâelles soient bien rĂ©parties sur toute la surface. Dâautre part on a estimĂ© quâune attaque prĂ©vue pour dĂ©truire les 150 principales villes amĂ©ricaines tuerait â sans quâil soit tenu compte des abris contre les retombĂ©es ou des moyens dâĂ©vacuation â entre 160 et 180 millions de citoyens amĂ©ricains. Outre la force de lâexplosion et la chaleur, qui ont les plus grands effets sur les constructions et les installations dâĂ©quipement, chaque explosion nuclĂ©aire sâaccompagne de radiations thermiques et nuclĂ©aires qui, elles, produisent les plus grands effets sur la population. A Hiroshima et Ă Nagasaki, les brĂ»lures causĂ©es par lâexplosion provoquĂšrent de 20 Ă 30 % des dĂ©cĂšs. Pour une bombe de 20 kilotonnes, les individus non protĂ©gĂ©s pourraient ĂȘtre atteints de brĂ»lures fatales jusquâĂ 1,5 kilomĂštre de distance, et jusquâĂ 3 kilomĂštres les brĂ»lures seraient sĂ©rieuses. Ces mĂȘmes distances, dans le cas dâune bombe de 20 mĂ©gatonnes, se multiplient par 20. Il est plus difficile dâĂ©tablir les effets de la radio-activitĂ© et des retombĂ©es. On peut trouver des retombĂ©es locales Ă une distance comprise entre 150 et 500 kilomĂštres Ă partir du point 0 au sol et sur une largeur supĂ©rieure Ă 60 kilomĂštres, ces chiffres variant selon la puissance de la bombe, la force du vent et les conditions atmosphĂ©riques. Les retombĂ©es globales ne se manifestent pas immĂ©diatement aprĂšs lâexplosion mais leurs effets Ă long terme sont considĂ©rĂ©s comme trĂšs dangereux. Les Etats-Unis, lâUnion soviĂ©tique et le Royaume-Uni disposent actuellement dâengins Ă fission et Ă fusion dont la force explosive varie entre 20 kilotonnes et 20 mĂ©gatonnes et qui peuvent ĂȘtre transportĂ©s soit par des bombardiers stratĂ©giques, soit par fusĂ©es MRBM et ICBM, LâUnion soviĂ©tique a dâautre part procĂ©dĂ© Ă lâessai dâune arme de 50 mĂ©gatonnes. Enfin les Etats-Unis et lâ ont produit tous deux des armes nuclĂ©aires destinĂ©es Ă un usage tactique et dont la puissance explosive varie entre 1 et 20 kilotonnes. Une guerre nuclĂ©aire limitĂ©e peu probable Tandis que la dĂ©couverte des armes nuclĂ©aires, il y a une vingtaine dâannĂ©es, a rendu disponible une Ă©norme puissance explosive, le dĂ©veloppement des fusĂ©es, survenu au cours des dix derniĂšres annĂ©es et qui permet de transporter en quelques minutes cette force explosive Ă des distances intercontinentales, marque une rĂ©volution aussi importante que la dĂ©couverte de la fission nuclĂ©aire elle-mĂȘme. Le fait dâavoir des stocks dâengins nuclĂ©aires ne suffit plus aujourdâhui Ă donner une vĂ©ritable capacitĂ© nuclĂ©aire Ă un Etat. Le facteur essentiel est dĂ©sormais la possession des vĂ©hicules porteurs pour utiliser ces engins. La concentration des efforts sur la stratĂ©gie de dĂ©fense active, destinĂ©e Ă dĂ©truire les moyens de rĂ©torsion de lâadversaire, ainsi que le renforcement des bases de fusĂ©es que lâon observe actuellement signifient tous deux que lâon met lâaccent sur les armes de prĂ©cision et de grande puissance. A lâintĂ©rieur de lâalliance atlantique, prise dans son ensemble, le problĂšme du transport des bombes et engins nuclĂ©aires ne se pose pas. Il y a deux ans un expert amĂ©ricain avait dĂ©clarĂ© dâautre part que les Etats-Unis possĂ©daient environ 1 000 bombes Ă hydrogĂšne, chacune capable dâanĂ©antir une citĂ©, et quâils disposaient dâune quantitĂ© suffisante de matĂ©riel de rĂ©action en chaĂźne pour en fabriquer un demi-million. Contre les troupes en opĂ©rations sur le terrain, les effets des armes nuclĂ©aires tactiques sont tels quâil faudrait sâattendre que le taux des victimes soit trĂšs Ă©levĂ©. Dans le cas dâune bombe atomique de 2 Kt, tous les hommes Ă dĂ©couvert seraient atteints immĂ©diatement sur un rayon de 550 mĂštres Ă partir du foyer de lâexplosion au sol et sur un rayon de 900 mĂštres tous les hommes seraient atteints en lâespace de quatre heures. Sâils sont Ă lâabri dans des tranchĂ©es, ces distances se rĂ©duisent Ă des rayons de 400 Ă 650 mĂštres respectivement. Et puisque lâon a prĂȘtĂ© une grande attention Ă lâemploi sur les champs de bataille de fusĂ©es sol Ă sol de courte portĂ©e, les projets dâinterdiction de lâemploi dâarmes nuclĂ©aires par les forces aĂ©riennes tactiques pourraient bien constituer le danger le plus sĂ©rieux de rĂ©action en chaĂźne en cas de guerre nuclĂ©aire. Au cours de la manĆuvre de lâ Carte blanche » en 1955, 3 000 avions furent mis en action et lancĂšrent » 335 bombes. On en dĂ©duisit que les victimes devaient ĂȘtre estimĂ©es Ă 1 700 000 morts et 3,5 millions de blessĂ©s, sans tenir compte des effets de la radio-activitĂ© produite par les bombes. De ces chiffres les auteurs soviĂ©tiques ont conclu Ă lâĂ©vidence des dangers que prĂ©senterait une guerre nuclĂ©aire, ce qui a pu avoir une certaine influence sur lâopinion russe. Mais ces chiffres semblent aussi contredire que la thĂ©orie dâune guerre nuclĂ©aire limitĂ©e est une doctrine rĂ©aliste. Tout examen des effets produits par les armes nuclĂ©aires met en Ă©vidence la conclusion que la guerre nuclĂ©aire, Ă quelque Ă©chelle que ce soit, est dâun type et dâune amplitude diffĂ©rant entiĂšrement de ceux des hostilitĂ©s caractĂ©risĂ©es par lâemploi dâarmes tactiques, et que le passage dâun stade Ă lâautre est dâune importance cruciale. Cela me semble aussi rĂ©vĂ©ler que si les armes nuclĂ©aires sont de nature Ă dĂ©courager lâagresseur, elles ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour la dĂ©fense du territoire. Toute la conception de la dĂ©fense occidentale doit ĂȘtre fondĂ©e sur le principe quâil faut empĂȘcher la guerre et sur la nĂ©cessitĂ© dâĂ©viter le dĂ©clenchement dâune rĂ©action en chaĂźne si jamais des hostilitĂ©s limitĂ©es devaient Ă©clater et entraĂźner lâutilisation dâarmes nuclĂ©aires. Dans ces conditions le dĂ©sarmement gĂ©nĂ©ral, soumis Ă lâinspection et au contrĂŽle, nâa pas besoin dâautre justification.
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 FOU1ou FOL, FOLLE, adj. et subst.[Rem. Fol. V. infra la rubrique Prononc. et Orth. La forme fol est employĂ©e, sans raison d'euphonie, dans le style archaĂŻsant ou p. plaisanterie.]I.â AdjectifA.â Qui prĂ©sente des troubles du comportement ou de l'esprit dĂ©notant ou semblant dĂ©noter une altĂ©ration pathologique des facultĂ©s mentales. Synon. aliĂ©nĂ©, dĂ©ment, dĂ©sĂ©quilibrĂ©; anton. sain, commencĂ© par vous dire que le capitaine Ă©tait fou, et que ses actes nous paraissaient nuls en bonne justice. â Qui vous le prouve, Mathieu? repris-je avec force Nodier, FĂ©e Miettes,1831, p. 97.Il n'Ă©tait venu Ă la pensĂ©e de personne que la fille de Kermelle fĂ»t folle. ExtĂ©rieurement elle Ă©tait comme tout le monde, sauf son mutisme presque absolu Renan, Souv. enf.,1883, p. 50.Les mĂ©decins constatĂšrent qu'il Ă©tait fou Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Auberge, 1886, p. 10861. Il ne me reconnaissait pas, il Ă©cumait, il avait des yeux de fou. Il est bien rĂ©ellement devenu fou », pensai-je avec terreur. Dans cet instant de dĂ©sarroi, d'un effort prodigieux, il rĂ©ussit Ă faire basculer l'Ă©chelle et Ă me prĂ©cipiter sur le sol. Abellio, Pacifiques,1946, p. 391.â Loc. adj.⊠Fou Ă lier, Ă enfermer. Cet excellent homme tenait M. Ribert pour fou, fou Ă lier. Entre nous, il croyait, avec M. Duvergier de Hauranne, que le romantisme est une maladie comme le somnambulisme ou l'Ă©pilepsie France, Vie fleur,1922, p. 375.⊠Fou furieux. Il est devenu fou furieux et actuellement, s'il n'est pas mort, il est enchaĂźnĂ© dans un cachot sur la paille Constant,Cahier rouge, 1830, p. 12.⊠Fou perdu. Il est fou! gĂ©mit la mairesse, fou perdu! Il ne vit plus que pour son nez, pis qu'un chien, le malheureux Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1437.â P. anal. Chien fou. Chien enragĂ©. Il suffit d'un farceur criant Au chien fou!... » ou bien Un bĆuf Ă©chappĂ©!... » et l'on court, on se bouscule, on s'effare A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 261.Rem. Constr. vieillie fou de + subst. dĂ©signant une partie du corps, siĂšge du trouble. Elle riait par Ă©clats nerveux, elle rĂȘvait avec mollesse, en femme folle du cĆur et de la tĂȘte Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 47. Fou de corps, fou d'esprit, fou d'Ăąme, De cĆur, si l'on veut de cerveau Nouveau, Valentines, 1896, p. 200.B.â 1. [En parlant de pers.] Qui est dans un Ă©tat psychologique de trouble intense ou d'exaltation causĂ© par une forte Ă©motion ou un sentiment poussĂ© au paroxysme. Synon. bouleversĂ©, Ă©garĂ©, enthousiaste, hors de soi; anton. calme, de sang-froid, Absol. L'imagination agite si cruellement que la mort mĂȘme est un meilleur Ă©tat que de telles craintes. Mais non, je suis folle c'est la poste, votre nĂ©gligence. Je souffre bien StaĂ«l, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 131.Il ... fouilla dans tous les coins, tous les meubles, tous les tiroirs, derriĂšre les murs, sanglotant, hurlant, Ă©perdu, fou Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 2062. Cette musique de boĂźte de nuit me fait toujours tant d'effet que c'est une honte, je ne peux pas du tout en juger raisonnablement ... les gens Ă©taient fous, applaudissaient, hurlaient! Dans la piĂšce oĂč je me cachais, un couple s'embrassait Ă©perdument, et je me laissais, pour la premiĂšre et derniĂšre fois, embrasser par mon patron. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 316.â [En parlant d'une partie du corps siĂšge d'une expression, d'un comportement] Rire fou. Delphine le serra par une Ă©treinte folle et l'embrassa vivement, mais sans passion. Vous m'avez sauvĂ©e! » Des larmes de joie coulĂšrent en abondance sur ses joues Balzac, Goriot,1835, p. 164.Il eut un sursaut terrible, regardant Daru sans le reconnaĂźtre avec des yeux fous et une expression si apeurĂ©e que l'instituteur fit un pas en arriĂšre Camus, Exil et Roy.,1957, p. 16193. Un tremblement agitait Ragu, ses yeux devenaient fous, tandis qu'il avançait toujours davantage sa mĂąchoire convulsĂ©e. Et, rageusement, il grogna, perdant tout respect, car il n'y avait plus lĂ qu'une femelle et qu'un mĂąle. Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 34.â Locutions⊠Ătre comme fou. J'Ă©tais comme fou; j'avais envie de rire et de pleurer. Les Parisiens criaient â Ah! Michel! Il est revenu, Michel! Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 210.⊠Fou furieux. ExtrĂȘmement violent sous l'effet d'un accĂšs de colĂšre. C'est un brutal, que ses mauvaises habitudes peuvent rendre fou furieux quand on le contrarie AymĂ©, Quatre vĂ©ritĂ©s,1954, p. 207.V. aussi bleuir ex. 5.⊠Rendre qqn fou. Faire perdre Ă quelqu'un tout sang-froid ou toute patience. Ce sang-froid rendait Leuwen fou; s'il n'eĂ»t Ă©tĂ© retenu par l'idĂ©e de sa mĂšre, il eĂ»t dĂ©sertĂ© actuellement sur la grande route Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1836, p. 56.Ce que je ne peux pas supporter, ce sont les imbĂ©ciles, les gens qui m'ennuient, ça me rend folle Proust, Sodome,1922, p. 870.b [Avec un compl. de dĂ©signant la cause du trouble] α [Le compl. dĂ©signe un affect] Fou de terreur, Morel, revenant de sa stupeur premiĂšre, ne doutant pas que ce ne fĂ»t un guet-apens ... dĂ©gringola quatre Ă quatre les quelques marches de la villa Proust, Sodome,1922p. 1082.Il est fou de joie... Il est content... Il grimpe sur son fauteuil Ă seize francs... Il acclame l'escadrille des catholiques trafiquants il sent monter en lui l'espoir PrĂ©vert, Paroles,1936, p. 1384. Grand capitaine Ă vingt ans [CondĂ©], fou d'orgueil aprĂšs ses quatre victoires, fou de colĂšre aprĂšs seize mois de prison, ivre de haine jusqu'au crime et Ă la trahison, il revient, lion matĂ© par le renard Mazarin, s'effondrer aux pieds du roi le plus roi qu'on ait jamais vu. Lemaitre, Contemp.,1885, p. Fou de douleur, de jalousie; fou d'amour, de bonheur. ÎČ Rare. [Le compl. subst. ou inf. dĂ©signe une circonstance] Elle est quasi folle de sa mort Balzac, MĂ©d. camp.,1833, p. 272.Elle [la passion nihiliste] tue, folle de sentir que ce monde est livrĂ© Ă la mort Camus, Homme rĂ©v.,1951, p. 352.Rem. On relĂšve qq. ex. de fou de peur + de + inf. La sueur au front, les pieds plus lourds, Courant toujours et fous de peur de voir toujours La lune en sang courir derriĂšre eux dans les branches! Samain, Chariot, 1900, p. 198. Je rentrais, fou de joie de vous voir, de retrouver la roulotte, d'embrasser maman Cocteau, Par. terr., 1938, I, 3, p. 201.2. [En parlant d'un trait psychol., d'un affect]a [Avec, selon les cont., une valeur morale dĂ©prĂ©c.] Qui dĂ©passe la mesure considĂ©rĂ©e comme convenable, par sa violence, son intensitĂ© ou le dĂ©sordre qu'il peut causer. Fol orgueil; dĂ©sir fou; ambition folle. Le systĂšme dĂ©mocratique favorise ses trois dĂ©fauts essentiels [de l'Arabe] une prĂ©tention folle, un goĂ»t effrĂ©nĂ© du bavardage, et un penchant innĂ© aux affaires louches, au tripotage Tharaud, Alerte en Syrie!1937, p. 168.Ils substituent Ă l'humble et simple dĂ©sir humain leurs imaginations folles et terribles Mauriac, Journal,1940, p. 2125. Il connaissait l'entĂȘtement des vieillards, les folles passions des jeunes, les contraintes et les relĂąchements de la misĂšre. Les crimes, les dĂ©bauches, les dĂ©vouements, il les connaissait. QueffĂ©lec, Recteur,1944, p. Qui ne peut ĂȘtre contenu, maĂźtrisĂ©. GaietĂ© folle. Synon. irrĂ©pressible, attendit cinq minutes, dix minutes, un quart d'heure. Une terreur folle l'envahissait. Ils l'avaient tuĂ© sans doute, saisi, garrottĂ©, Ă©tranglĂ© Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Serre, 1883, p. 677.La prisonniĂšre, en proie Ă un vertige fou, comme si l'espace tout entier eĂ»t chavirĂ© sur elle Pergaud, De Goupil,1910, p. 195.Tant que j'avais cheminĂ©, j'avais une soif folle; Ă prĂ©sent ma soif Ă©tait disparue Arland, Ordre,1929, p. 535.Amour fou 6. La tentation fut plus forte que ses hĂ©sitations. â Ăcoute », fit-il brusquement, et il rougit comme un gamin. C'est idiot, mais j'ai une envie folle de prendre un bain... tout de suite, avant dĂźner... Est-ce possible? » â Parbleu! » s'Ă©cria Antoine, amusĂ©. Il eut l'absurde impression d'une petite revanche. Bain, douche, tout ce que tu voudras! ... Viens. » Martin du G., Thib.,ĂtĂ© 14, 1936, p. 145.⊠Fou- rire*. 3. [En parlant de pers.] Fou de qqc./qqna [Le compl. prĂ©p. dĂ©signe une chose] Qui a une passion, un goĂ»t excessif ou exclusif pour quelque chose. Synon. fĂ©ru, mordu, passionnĂ© de qqc..Les IbĂšres ... sont fous du chant et surtout de la danse. C'est, aprĂšs le penchant fou Ă l'amour, le trait le plus frappant de leur caractĂšre Stendhal, MĂ©m. touriste,t. 2, 1838, p. 34.Il Ă©tait amateur fou de la pĂȘche Miomandre, Ăcrit sur eau,1908, p. 114.Un vieux magistrat ami des miens, traducteur de comĂ©dies espagnoles, fou de l'Espagne Blanche, ModĂšles,1928, p. 667. ... [Nietzsche] aristocrate qui a su dire que l'aristocratie consiste Ă pratiquer la vertu sans se demander pourquoi, et qu'il faut douter d'un homme qui aurait besoin de raisons pour rester honnĂȘte, fou de droiture cette droiture devenue un instinct, une passion », serviteur obstinĂ© de cette Ă©quitĂ© suprĂȘme de la suprĂȘme intelligence qui a pour ennemi mortel le fanatisme », son propre pays, trente-trois ans aprĂšs sa mort, l'a Ă©rigĂ© en instituteur de mensonge et de violence... Camus, Homme rĂ©v.,1951, p. [Le compl. prĂ©p. dĂ©signe une pers.] Qui Ă©prouve de la passion pour quelqu'un. Ătre amoureux fou de qqn. Ce qui contribua surtout Ă rendre Rodolphe amoureux fou de Mademoiselle Mimi, ce furent ses mains Murger, ScĂšnes vie boh.,1851, p. 157.Elle est folle de sa patronne. Elle la chouchoute, elle la dorlote, elle coucherait sur sa carpette si on le lui permettait Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 998. â Gaillard du Gougier! vraiment! Joli parti, parlons-en! â Le plus beau garçon de la rĂ©gion! Toutes les filles Ă marier sont folles de lui. â Pourquoi de lui »? tu n'avais qu'Ă dire Toutes les filles Ă marier sont folles. » Enfin... c'est pour quand? â Ah! voilĂ ! ... â Je pensais bien qu'il y avait un Ah! voilĂ ! » Colette, Mais. Cl.,1922, p. Loc., vieilli⊠Folle de son corps. Qui se livre Ă la dĂ©bauche. Les Fillettes de Paimpol, comme dit la vieille chanson islandaise, sont un peu folles de leur corps, et ne rĂ©sistent guĂšre Ă un garçon aussi beau Loti, PĂȘch. Isl.,1886, p. 92.Cf. faire folie de son corps v. folie1B 1.⊠Fou de la croix. Qui est en proie Ă une exaltation mystique chrĂ©tienne. Il y a deux siĂšcles, Mademoiselle de PlĂ©meur, avec un cilice et folle de la Croix, eĂ»t marchĂ© sanglante sur les routes Montherl., Olymp.,1924, p. 286.C.â 1. [Avec, selon les cont., une valeur dĂ©prĂ©c. de condamnation ou de rejet]a Qui est dĂ©nuĂ© de bon sens, de prudence, qui va Ă l'encontre de ce qui serait raisonnable. Quasi-anton. raisonnable, sensĂ©. α Absol. Involontairement, contre la logique et la nĂ©cessitĂ© des choses, notre pensĂ©e se laisse aller Ă ce beau projet fou, d'une vie que l'on passerait Ă voyager ainsi, avec des personnes sympathiques, allant toujours et n'arrivant nulle part Goncourt, Journal,1864, p. 68.De tels avantages doivent donc engager les viticulteurs, non Ă se lancer dans de folles et chimĂ©riques entreprises mais Ă Ă©tudier le problĂšme posĂ©ment avant de passer aux rĂ©alisations qui s'imposent Levadoux, Vigne,1961, p. 113.Proverbe. Souvent femme varie, Bien fol est qui s'y fie 9. Ce jour mĂȘme, dans une rĂ©union publique de Belleville, oĂč il Ă©tait entrĂ©, Maurice entendit rĂ©clamer de nouveau l'attaque en masse. L'idĂ©e Ă©tait folle, il le savait, et son cĆur battit pourtant, devant cette obstination Ă vaincre. Quand tout est fini, ne reste-t-il pas Ă tenter le miracle? La nuit entiĂšre, il rĂȘva de prodiges. Zola, DĂ©bĂącle,1892, p. 578.â Locutions⊠[P. rĂ©f. Ă la aux Vierges folles. Personnages d'une parabole de l'Ăvangile Matthieu xxv, 1-13] L'une Ă©tait une vierge sage et l'autre Ă©tait une vierge folle. J'ai vu l'une mesurer l'huile de sa lampe, au dĂ©clin du jour, pour Ă©clairer sa tĂąche austĂšre. J'ai vu l'autre, en proie au fou rire, laisser sa torche s'Ă©teindre, et elle ne la remplaçait pas dans la nuit Jammes, MĂ©m.,t. 2, 1922, p. 225.P. ext. Femme lĂ©gĂšre. Au Quartier Latin, vers une heure cela devenait splendide; les courtisanes dĂ©faites, vautrĂ©es sur des genoux inconnus, les jupes relevĂ©es .... Des vierges folles chantaient; on dansait le cancan sur les places Gide, Corresp.[avec ValĂ©ry], 1891, p. 112.⊠Folle femme vieilli. Courtisane. C'Ă©taient les folles femmes surtout qui avaient la rĂ©putation de se farder Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 189.⊠Les annĂ©es folles. Les annĂ©es suivant l'armistice de 1918. Ces AnnĂ©es folles », que l'on appelait naĂŻvement l'aprĂšs-guerre et qui n'Ă©taient qu'un entracte » aux couleurs de Paul Morand, de Van Dongen et de RenĂ© Clair G. Guilleminault, Les AnnĂ©es folles,Paris, DenoĂ«l, 1956, p. 11.P. anal. PĂ©riode d'euphorie Ă©conomique et/ou culturelle. Il suffisait qu'une grande sociĂ©tĂ© industrielle annonçùt la crĂ©ation d'un dĂ©partement nuclĂ©aire, pour que le cours de ses actions fĂźt un bond en avant. Peu aprĂšs ces annĂ©es folles » de l'Ă©nergie atomique, les bĂ©nĂ©fices se sont transformĂ©s le plus souvent en pertes Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 109.⊠TĂȘte folle vieilli. Elle Ă©tait tĂȘte folle, et totalement ignorante des convenances et des usages. Et ses caprices reflĂ©taient ce dĂ©sĂ©quilibre Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 82.â En partic., DR., vieilli. Folle enchĂšre*. â SpĂ©cialement⊠[Qualifiant une proposition] Il est Ă©videmment fou d'entreprendre si l'on ne se fie d'abord Ă soi Alain, Propos,1921, p. 327.Le tragique de la vie, c'est d'aimer ce qui est Ă©phĂ©mĂšre. Il ne serait pas plus fou de s'attacher d'un cĆur dĂ©sespĂ©rĂ© Ă ce beau jour finissant qu'Ă une crĂ©ature Mauriac, Journal,1937, p. 112.⊠Emploi interjectif. â Folle! s'Ă©cria-t-elle tout Ă coup sans dire Ă qui elle destinait cette insulte Green, MoĂŻra,1950, p. 37.V. rem. 1 in fine. ÎČ [Constr. avec un compl. prĂ©p. de dĂ©signant une action] C'est bon, espĂšce de petite vierge ... tu rĂ©citeras un speech Ă mon ministre d'ami, il ne s'embĂȘtera pas Ă te regarder, sais-tu? Il est complĂštement fou de lĂącher ici de pareilles choses! MlleSergent me tuera! Colette, Cl. Ă©cole,1900, p. 260.Il se rĂ©pĂ©tait qu'un Jean Cazenave n'est pas mariable. Les Cazenave Ă©taient fous de prendre au tragique cette farce Mauriac, Baiser LĂ©preux,1922, p. 160.b Qui s'Ă©carte de ce qui est considĂ©rĂ© comme convenable dans les normes sociales dominantes. Anton. bon, fuite de Mary et de Jane avait donnĂ© mauvaise rĂ©putation aux demoiselles de Skinner Street, et les directrices d'Ă©cole se mĂ©fiaient de cet Ă©levage. De loin elle admirait, avec un peu d'envie et de tristesse, la vie folle et romanesque, dangereuse aussi, mais variĂ©e, de ses sĆurs Maurois, Ariel,1923, p. 220.Il arrivait mĂȘme que des visites maladroites lui donnassent des rĂ©flexes fous. Ainsi gifla-t-il la vicomtesse. Ainsi s'Ă©loigna-t-il des codes Cocteau, Fin Potomak,1940, p. 53.â En partic., dans le domaine de la philos. premiers poĂ«tes ou les premiers auteurs rendaient sages les hommes fous. Les auteurs modernes cherchent Ă rendre fous les hommes sages Joubert, PensĂ©es, t. 1, 1824, p. 437.â P. ext. Bizarre, extravagant. Quasi-synon. dingue fam..Il est fou et loufoque, dĂ©clare Marthereau, qui a coutume de renforcer l'expression de sa pensĂ©e par l'emploi simultanĂ© de deux synonymes Barbusse, Feu,1916, p. 16.2. [Sans valeur dĂ©prĂ©c. de rejet ou de condamnation]a Qui, affranchi des convenances ou des normes de comportement habituel, se laisse aller Ă la gaietĂ©, Ă l'insouciance, Ă l'exubĂ©rance. Synon. fantasque, folĂątre; anton. moments de joie et d'amitiĂ© vive et folle que l'on trouve ... chez les jeunes filles d'ailleurs les plus retenues Stendhal, Prom. ds Rome,t. 1, 1829, pp. 175-176.Dieu me garde de parler seulement le langage du bon sens en bien comme en mal, il convient d'ĂȘtre un peu fou Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 132.⊠CĆur fou. On se laisse griser. La sĂšve est du champagne et vous monte Ă la tĂȘte... On divague; on se sent aux lĂšvres un baiser Qui palpite lĂ , comme une petite bĂȘte... Le cĆur fou robinsonne Ă travers les romans Rimbaud, PoĂ©s.,1871, p. 72.â [En parlant d'un moment de jeu, d'une mus.] Synon. me prĂ©cipite au dehors au milieu d'une folle partie de loup en criant Je joue! » comme je crierais Au feu! » Colette, Cl. Ă©cole,1900, p. 52.Je laisse le rondeau final [du quatuor en rĂ©] d'un entrain fou, qui exploite indĂ©finiment une ritournelle de quelques notes GhĂ©on, Prom. Mozart,1932, p. 122.⊠P. anal. Les roulades des oiseaux, la nage folle des poissons sortant de leur lĂ©thargie de l'hiver Goncourt, Journal,1889, p. 962.b LittĂ©r. [En parlant d'une chose] Qui porte Ă la gaietĂ©, Ă l'insouciance. Les longues nuits demain remplaceront, lugubres, Les limpides matins, les matins frais et fous, Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux Samain, Chariot,1900, p. 126.Ce lilas, derriĂšre les grilles D'un petit jardin triste et doux, Donne un parfum plus fort, plus fou Que ne font toutes les vanilles Noailles, Ăblouiss.,1907, p. 338.3. En partic., dans le domaine artistique ou de la s'Ă©carte, s'affranchit des rĂšgles esthĂ©tiques en particulier, classiques ou de bon goĂ»t dominantes. Anton. trĂšs joli des chapeaux fous, des cheveux trop dorĂ©s, des bagues Colette, Cl. Paris,1901, p. 238.L'Ă©glise de San Francisco, avec ... son portail fou, ses moulures extravagantes Morand, Air indien,1932, p. 189.Qui les aime plus que moi, ces façades convulsionnaires de Borromini, et la folle chapelle de la Sapienzia? Green, Journal,1935, p. 1710. La Fontaine est un auteur Ă conseiller, en ces temps d'alittĂ©rature, plus fou et plus libre qu'aucun de vous, brisant le vers et en jouant avec tant de grĂące dans sa folie qu'il n'y paraĂźt pas. Mauriac, MĂ©m. intĂ©r.,1959, p. Qui Ă©chappe Ă la raison. Synon. absurde, irrationnel; anton. raisonnable, historiens distinguĂ©s lui doivent [Ă Jeanne d'Arc] d'avoir fait des chapitres bien systĂ©matiques ou un peu fous Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 2, 1863-69, p. 418.L'idĂ©e qu'il y a quelque mystĂšre cachĂ© Ă l'intĂ©rieur des choses est une idĂ©e folle, mais naturelle Alain, Propos,1933, p. 1117.Dans un monde aussi incohĂ©rent, l'existence de Dieu ne serait pas une chose plus folle que la non-existence de Dieu Duhamel, DĂ©sert BiĂšvres,1937, p. 25011. C'est lĂ [Ă Marseille] que je mesurai la distance entre le jeune homme fou de poĂ©sie qui me rendait visite ... et le fou chantant qui chantait seul et n'avait de fou que la folle sagesse des poĂštes. Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 150.â En partic., MYSTIQUE CHRĂT. V. folie E n'a-t-il pas rendu folle la sagesse de ce monde? car puisque le monde n'a pas su, par la sagesse, connaĂźtre Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu Ă Dieu de sauver ceux qui croient par la folie de la prĂ©dication Gilson, Espr. philos. mĂ©diĂ©v.,1931, p. 23.Si la croix est la vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© est folle Mauriac, Journal,1940, p. 274.E.â P. anal. [GĂ©n. en fonction d'Ă©pithĂšte postnominal; qualifiant un subst. dĂ©signant une rĂ©alitĂ© concr.]1. [Qualifiant un subst. dĂ©signant un objet naturel] Qui va en tout sens en donnant l'apparence du dĂ©sordre. Cheveux fous. Les belles flammes folles dans la cheminĂ©e avaient l'air de se mourir Loti, Rom. enf.,1890, p. 9.Je regardais aller et venir les doigts de Marguerite et aussi l'ombre que projetait, sur sa joue, une mĂšche folle qui boucle devant son oreille Duhamel, Confess. min.,1920, p. 154.Cf. aussi arbrisseau ex. 2.â SpĂ©cialement⊠Folle-avoine cf. avoine A 1 synt.. ⊠Folle-farine. Partie la plus fine de la farine qui s'envole au moindre souffle. Il est bon de ne laisser entre le faux fond et le fond vĂ©ritable [de la cuve Ă filtrer] qu'une distance trĂšs faible ... sinon on risque d'y accumuler une grande quantitĂ© de boue et de folle farine Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 259.⊠Herbes folles. Herbe qui croĂźt en abondance et au hasard. Les betteraves aux hautes fanes et l'herbe folle des champs incultes trempaient les jambes jusqu'aux genoux DorgelĂšs, Croix de bois,1919, p. 41.⊠Brise folle, vent fou. Brise, vent qui change sans cesse de direction. Il y avait encore trop de vent, surtout des vents fous, tantĂŽt d'un cĂŽtĂ©, tantĂŽt de l'autre Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 275.2. [Qualifiant un subst. dĂ©signant un objet artificiel] Dont le mouvement n'est plus contrĂŽlĂ©. Voiture folle. Quasi-synon. par le sommeil, il le sentait, ce cerveau, pareil Ă un moteur fou, tourner, tourner dans sa tĂȘte Martin du G., Thib.,Mort pĂšre, 1929, p. 1307.Sur une route, pour Ă©viter un camion fou », un jeune mĂ©decin se voit obligĂ© de freiner brutalement. Sa voiture dĂ©rape, fait plusieurs tonneaux et s'Ă©crase J. Gauthier, ĂĂ s'est passĂ© un dimancheds Le Canard enchaĂźnĂ©, 27 sept., 1967, p. 4.⊠P. anal. Patte folle. Jambe dont on ne domine pas tous les mouvements. Avec ma patte folle, dis-je, je ne suis pas suspect. Je partirai en avant, en Ă©claireur Abellio, Pacifiques,1946, p. 369.â SpĂ©cialement⊠[Qualifiant un Ă©lĂ©ment mobile d'un dispositif technique] Qui est indĂ©pendant de l'arbre qui le porte et sur lequel il tourne. Toute accĂ©lĂ©ration du mouvement [d'un cĂąble] a ... pour consĂ©quence une modification simultanĂ©e de la vitesse de rotation de la molette, poulie folle ... sur laquelle passe le cĂąble avant de s'engager dans le puits Haton de La GoupilliĂšre, Exploitation mines,1905, p. 1023.Le principe du damper » [amortisseur placĂ© au bout du vilbrequin] est simple un ou deux plateaux sont montĂ©s fous sur le vilebrequin et arrĂȘtĂ©s par des Ă©paulements Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 52.⊠Balance folle. Balance dont le flĂ©au ne se stabilise pas au point d'Ă©quilibre. Dira-t-on que l'introduction d'une quantitĂ© infiniment petite peut quelquefois suffire Ă rompre l'Ă©quilibre comme il arrive dans le cas de la balance folle? Boutroux, Contingence,1874, p. 55.Aiguille, boussole folle. F.â [Fou sert Ă indiquer une grande quantitĂ© ou le haut degrĂ©] Quasi-synon. considĂ©rable, [En position d'Ă©pithĂšte postnominal d'un subst. prĂ©cĂ©dĂ© d'un art. indĂ©f.] Avoir un travail, un succĂšs fou; gagner un argent fou; des prix fous; une vitesse folle. Il ... lance, du bout de son pied, un ballon Ă des hauteurs folles Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 64.Il dit ... que c'est d'une gravitĂ© folle... qu'il faut prendre des mesures, toute affaire cessante... qu'il faut peut-ĂȘtre envisager d'urgence le dĂ©placement de son quartier gĂ©nĂ©ral Romains, Verdun,1938, p. 193.Ils sont couchĂ©s depuis longtemps .... Depuis un temps fou, depuis des heures » Butor, Passage Milan,1954, p. 22312. ... il fait soleil. Il fait mĂȘme un soleil fou. Il vient de tous les coins du ciel Ă la fois Ă travers les dĂ©chirures des nuĂ©es. Il balaie tout le paysage comme un faisceau de phare, comme un phare tournant Ă cent faisceaux. Giono, NoĂ©,1947, p. a C'est fou + prop. fou ce que nous avons pu boire, Modigliani et moi, et quand j'y pense, j'en suis Ă©pouvantĂ© Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 199. C'est fou comme vous pouvez prendre les choses au sĂ©rieux! On dirait que vous jouez votre tĂȘte! » Beauvoir, Mandarins,1954, p. 521.b C'est fou + subst. suivi d'une fou tout le bien qu'ils pensent de vous Beauvoir, Mandarins,1954p. 324.Tout le monde disait du bien de son livre, c'Ă©tait fou le courrier qu'il avait reçu Beauvoir, Mandarins,1954p. 99.Rem. Lorsque le subst. est au plur. ou est un subst. collectif, la constr. ci-dessus implique une idĂ©e de grande gĂ©n. 1. Fou est frĂ©q. employĂ© dans des Ă©noncĂ©s ayant une valeur insultante; cet emploi amalgame les diverses accept. distinguĂ©es ci-dessus le dĂ©rĂšglement pathologique, le manque de bon sens, la transgression des normes habituelles de comportement. Dans cet emploi, fou a de nombreux quasi-synon. pop. ou fam. dĂ©rangĂ©, dĂ©traquĂ©, fatiguĂ©, malade; braque, cinglĂ©, dingo, dingue, fada, louf, loufoque, louftingue, maboul, marteau, piquĂ©, siphonnĂ©, sonnĂ©, tordu. 2. La docum. atteste les loc. adj. figĂ©es. a Fam. pas fou, pas si fou. [GĂ©n. employĂ© en appos. qualificative du suj.] Quasi-synon. pas con, pas si con, plus malin. Ils ne se mouillaient pas eux-mĂȘmes. Pas si fous. [Ils chargeaient leurs femmes de saigner au rasoir les filles rebelles] Le Breton, Rififi, 1953, p. 129. Quelques mĂŽmes du coin, pas fous, commençaient dĂ©jĂ Ă dĂ©monter les petites piĂšces Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 175. Pas folle, la guĂȘpe v. ce mot B. b Tout fou. TrĂšs exubĂ©rant et/ou Ă©tourdi cf. ClĂ©ment ds rem. 2 in fine. P. anal. [Le garde] Entrez donc, Monsieur, le temps est tout fou » La Varende, Contes fervents, Gde Chue, 1948, p. 106.II.â SubstantifA.â1. Personne qui prĂ©sente des troubles du comportement ou de l'esprit dĂ©notant ou semblant dĂ©noter une altĂ©ration pathologique de ses facultĂ©s mentales. Un fou dangereux, mĂ©chant, inoffensif. Le jeter Ă BicĂȘtre. Le plonger dans des bains d'eau de glace, des bains mortels; le tenir lĂ enfermĂ© avec des fous, pour le rendre fou Goncourt, Journal,1864, p. 82.Ne perdez pas de vue ce fou, la tĂȘte surmontĂ©e d'un vase de nuit, qui pousse, devant lui, la main armĂ©e d'un bĂąton, celui que vous auriez de la peine Ă reconnaĂźtre LautrĂ©am., Chants Maldoror,1869, p. 355.Va-t'en de toi-mĂȘme chez les fous, mon garçon, que je me dis. Chez les fous, chacun joue son guignol, ni vu ni connu, je t'embrouille, tu auras tes aises... Un fou, Ă mon avis, c'est un homme qui sort de sa maison, ferme la porte derriĂšre lui et jette la clĂ© dans la citerne Bernanos, M. Ouine,1943, p. 152113. ... il y a, au fond de l'impasse, ... une masure habitĂ©e par une folle, et toutes les nuits elle crie, elle crie terriblement. Si vous avez jamais subi une scĂšne, si vous en avez jamais fait une, alors peut-ĂȘtre connaissez-vous ce paroxysme de colĂšre, de rage qui fait hurler, casser les objets, peut-ĂȘtre avez-vous mĂȘme senti le crime voltiger autour de vous... C'est ainsi que se comporte Ă longueur de jours et de nuits ma voisine, la folle .... La lĂ©gende veut qu'elle soit devenue folle parce qu'il lui a plongĂ© la tĂȘte dans un seau d'eau glacĂ©e pendant qu'elle Ă©tait enceinte. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 277.â Au fou! [Cri pour avertir du danger que peut reprĂ©senter un fou] AttaquĂ©s, qu'il dit... Au fou... LĂąchez les chiens! DorgelĂšs, Croix de bois,1919, p. 10.â Locutions⊠Fou furieux. Il s'Ă©lança avec une rage de fou furieux, Ă©treignit sa servante Ă la gorge et la jeta contre le mur Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Petit, 1883, p. 391.⊠Fou perdu. Devant moi, une folle perdue, avec trois plumes droites au chapeau comme sur les armes du prince de Galles, titube toute seule Morand, Londres,1933, p. 92.2. En partic. [Le concept de fou correspond Ă une dĂ©f. scientifique et/ou institutionnelle de la folie]a PSYCH., MĂD. Asile, loges, maisons de fous. Il regardait les vastes bĂątiments de l'asile, les ailes des diffĂ©rents quartiers, sĂ©parĂ©s par des jardins, celui des hommes et celui des femmes, ceux des fous tranquilles et des fous furieux Zola, Dr Pascal,1893, p. 69.Le besoin de la preuve, de l'assentiment collectif sont des composantes Ă©lĂ©mentaires de la pensĂ©e ils manquent totalement chez certains fous, et sont oblitĂ©rĂ©s chez toutes les pensĂ©es de nature schizoĂŻde Mounier, TraitĂ© caract.,1946, p. 66314. Dans les familles qui ont produit des nĂ©vrosĂ©s, des individus Ă©tranges, trop sensibles, on voit apparaĂźtre des fous et des faibles d'esprit. Cependant les maladies mentales se montrent aussi dans des familles qui en Ă©taient jusqu'alors indemnes. Il y a certainement dans la production de la folie d'autres facteurs que les facteurs hĂ©rĂ©ditaires. Carrel, L'Homme,1935, p. L'emploi de fou tend Ă disparaĂźtre dans le domaine psych. et jur. contemporain Ă cause du caractĂšre trop gĂ©n. et des connotations pĂ©j. de ce terme. Fou est remplacĂ© par aliĂ©nĂ©, malade [Dans les approches contemporaines remettant en cause les dĂ©f. mĂ©d. de la folie] L'Ă©tiquette de fou » dont l'enfant psychotique se sait affublĂ©, lui ĂŽte son identitĂ© et frappe en quelque sorte d'irresponsabilitĂ© ses gestes et sa parole M. Mannoni, Le Psychiatre, son fou », et la psychanalyse, Paris, Ăd. du Seuil, 1970, p. 4015. Le fou nous rappelle que quelque chose ne va pas dans la rationalitĂ© dominante, que derriĂšre la façade se cache une autre rĂ©alitĂ©; implicitement, il conteste nos certitudes et dit des choses inopportunes et scandaleuses que nous ne voulons pas Ă©couter. De tout temps, Ă©crit Freud, ceux qui avaient quelque chose Ă dire et ne pouvaient le dire sans danger aimĂšrent Ă prendre l'habitude de se coiffer du bonnet de fou. » R. Jaccard, La Folie,Paris, 1979, p. SpĂ©c. [En fonction de dĂ©term.]a Subst. dĂ©signant une partie du corps, un comportement + de avait des yeux de folle, oĂč se lisait la mortelle douleur de son dernier orgueil, sa virginitĂ© violentĂ©e Zola, Argent,1891, p. 401.Avec un grand geste de fou, il m'envoie une bourrade sur l'Ă©paule Barbusse, Feu,1916, p. 58.⊠Vieilli. [DĂ©terminant un subst. abstr.; avec une idĂ©e de haut degrĂ©] Victorin ... descendit l'escalier avec une rapiditĂ© de fou Balzac, Cous. Bette,1846, p. 367.Rem. Dans cet emploi, le syntagme de fou est gĂ©n. Ă©quivalent Ă l'adj. fou. V. fou A, B ou F selon les contextes.â Loc., fam.⊠Maison de fous. Maison, lieu oĂč rĂšgne un grand dĂ©sordre, oĂč les personnes se comportent bizarrement. Mais oui, mon bon monsieur, je quitte votre maison de fous... vos haricots rouges commençaient Ă m'Ă©cĆurer... et le parfum des chaussettes de vos enfants, ces petites bĂȘtes puantes H. Bazin, VipĂšre,1948, p. 75.P. anal. Nous donnons au monde le spectacle d'une nation de fous. Ceux qui rĂ©clament l'Ă©gale justice pour tous sont couramment traitĂ©s de vendus et de traĂźtres. Des insurgĂ©s en retraite s'agenouillent devant les conseils de guerre Clemenceau, IniquitĂ©,1899, p. 70.⊠Histoire de fous. Histoire drĂŽle, dont le comique est produit par l'absurditĂ© des propos ou des actes de anal. Toute l'histoire du monde, dans ces derniĂšres annĂ©es, est une histoire de fous. La grande guerre est une histoire de fous Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 152.b Verbe dĂ©signant un comportement, une activitĂ© + comme un m'enfuis. Je m'Ă©chappai dans le parc. J'allais comme une folle; ma derniĂšre chance de salut venait de m'ĂȘtre ravie SouliĂ©, MĂ©m. diable,t. 1, 1837, p. 350.Il est arrivĂ© comme un fou, en roulant des yeux terribles, il m'a dit que j'Ă©tais un traĂźtre et puis ils ont commencĂ© Ă parler en espagnol Bourdet, Sexe faible,1931, 1, p. 298.â [Avec une idĂ©e de haut degrĂ©] Synon. extrĂȘmement, comme un fou. Aimer comme un fou. Synon. Ă la je vous aime comme un fou. â Eh bien, mon ami, il fallait m'aimer un peu moins ou me comprendre un peu mieux Dumas fils, Dame Cam.,1848, p. 164.Rem. Dans cet emploi, le syntagme comme un fou est gĂ©n. Ă©quivalent Ă l'adv. follement.â Rare, vieilli. En ne sais rien de vos crimes, sinon que vous mettez votre cravate en fou, ce qui m'est bien Ă©gal Sand, Corresp.,t. 4, 1861, p. 249.B.â1. Personne dont la conduite ou le comportement s'Ă©carte de ce qui serait raisonnable aux regards des normes sociales dominantes ou propres Ă l'idĂ©ologie du locuteur, ce qui est considĂ©rĂ© comme l'expression d'un dĂ©rĂšglement de l'esprit et/ou d'un manque de sens moral, de bon sens ou de prudence. Car s'il [un spĂ©culateur] n'en Ă©tait pas informĂ© [de certaines circonstances], s'il ne les apprĂ©ciait pas, il ne serait point un spĂ©culateur, mais un fou semant au hasard son crĂ©dit et ses capitaux Boyard, Bourse et spĂ©cul.,1853, p. 166.Les Leroy ne sont pas des fous. S'ils vendent Ă perte depuis plusieurs sĂ©ances, ils ont leurs raisons Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 10616. Je radote... C'est toi qui radotes ...; pour tout le reste tu parais avoir assez de bon sens, mais sur le chapitre du mariage tu es un vĂ©ritable fou. â Bon, maintenant c'est moi qui suis le fou et David Sichel l'homme raisonnable. Quelle diable d'idĂ©e possĂšde le vieux rebbe de vouloir marier tout le monde? â N'est-ce pas la destination de l'homme et de la femme? Est-ce que Dieu n'a pas dit dĂšs le commencement Allez, croissez et multipliez »? Est-ce que ce n'est pas une folie que de vouloir aller contre Dieu, de vouloir vivre... Ami Fritz,1864, p. 32.â Locutions⊠Jeune fou. Jeune homme turbulent ou tĂ©mĂ©raire. Avec quelques jeunes fous de sa sorte, riches et casse-cou, il rivalisa de tĂ©mĂ©ritĂ© dans des courses en auto, absurdes et forcenĂ©es, de vraies courses Ă la mort Rolland, Nouv. journĂ©e, 1912, p. 1531.Il n'est jamais venu Ă l'esprit du vieil histrion qu'il faut ... beaucoup de jeunes fous pour faire un peuple hĂ©roĂŻque Bernanos, Enf. humil.,1948, p. 77.⊠Vieux fou. Homme ĂągĂ© excentrique, au comportement bizarre. Les vieilles folles du cercle, apeurĂ©es et sanglotantes. Une grosse, bien fardĂ©e, blafarde, qui se grattait les cuisses, avait voulu gentiment lier conversation avec elle Aragon, Beaux quart.,1936, p. 469.Tout Ă coup, un tonnerre de ferraille le faisait sursauter c'Ă©tait un vieux fou du voisinage, un hobereau ruinĂ© qui caracolait sur une haridelle et pointait sa lance rouillĂ©e contre un moulin Sartre, Mots,1964, p. 169.⊠P. exagĂ©r. Affranchie des fous furieux du Parlement, la marine retombe sous le particularisme de ses bureaux Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 70.Madame Thomajean est une harpie, une mauvaise mĂšre, une vieille horreur, une folle dangereuse, une simulatrice, une criminelle Colette, Pays connu,1949, p. 54.â SpĂ©cialementa [Empl. comme appellatif ou interj.] De loin, des hommes Ă l'Ăąme basse injuriaient le RĂ©publicain â Eh! le fou... Anarchiste! Hamp, Champagne,1909, p. 128.La folle! la cochonne! rĂ©pĂ©tait-il en se dĂ©shabillant, si haut que ses injures traversaient la cloison H. Bazin, VipĂšre,1948, p. 64.b [Emploi qualificatif antĂ©posĂ©] Ce fou de Descartes s'imaginait que la philosophie avait besoin d'une base inĂ©branlable, d'un aliquid inconcussum sur lequel on pĂ»t asseoir l'Ă©difice de la science, et il avait la bonhomie de le chercher Proudhon, PropriĂ©tĂ©,1840, p. 230.Elle attendait le retour de sa vieille folle de mĂšre, qui s'attardait Ă Monte-Carlo, naturellement. â Cette toquĂ©e de comtesse Lourieff? VogĂŒĂ©, Morts,1899, p. 65.â En partic., arg. Folle. Travesti au comportement tapageur, homosexuel trĂšs effĂ©minĂ©. Jamais elle n'eĂ»t osĂ© dire sans rougir Ma bite Ă©tait braquĂ©e. » L'argot, pas plus que les autres Folles ses copines, Divine ne le parlait J. Genet, Notre-Dame-des-fleurs,L'ArbalĂšte, 1966, p. 23.2. Personne qui, affranchie des convenances ou des normes de comportement habituel, se laisse aller Ă la gaietĂ©, Ă l'insouciance. Lord Seymour donnait le branle; d'aimables fous avec lui menaient la danse Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 6, 1863-69, p. 146.Ne nous lassons pas de le rĂ©pĂ©ter directeurs, acteurs, auteurs, c'est un monde d'aimables fous Renard, Journal,1905, p. 996.â Expressions⊠S'amuser, rire comme des fous. Les enfants s'amusaient comme des fous; sauf moi Sartre, Mots,1964, p. 86.⊠Faire le fou. Il bouffonna avec plus d'extravagance encore que de coutume Tu n'as pas fini de faire le fou! » lui disait sa mĂšre en riant. Il paraissait si insouciant, et Ă mon Ă©gard si indiffĂ©rent Beauvoir, MĂ©m. j. fille,1958, p. 21117. Je n'ai jamais su m'habiller, choisir une cravate, la nouer. Je n'ai jamais su m'abandonner, ni rire, ni faire le fou. Il Ă©tait inimaginable que je pusse m'agrĂ©ger Ă aucune bande joyeuse j'appartenais Ă la race de ceux dont la prĂ©sence fait tout rater. Mauriac, NĆud vip.,1932, p. 32.⊠Petit fou, petite folle. [En parlant d'un enfant] EspiĂšgle. Grande folle! soupira Madame Gobelin. Philippine fit encore quelques bouffonneries, mais on voyait qu'elle avait envie de pleurer France, Vie fleur,1922, p. 522.â Proverbe. Plus on est de fous, plus on rit. Plus on est nombreux, plus on s'amuse. Amenez aussi ce cher seigneur Ivan PĂ©trovitch et tous vos amis. Plus on est de fous, plus on rit G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 86.Rem. La forme fol est d'emploi rare, littĂ©r. ou recherchĂ©. Le charmant fol [GĂ©rard de Nerval] conçut le sonnet d'ArtĂ©mis, le poĂšme insensĂ© que nous aimons BarrĂšs, Pays Lev., t. 1, 1923, p. 298.C.â En Dans le domaine de la philos. moralea Personne qui, vivant dans le monde, ne peut atteindre Ă la sagesse. Quasi-anton. c'est rĂ©flĂ©chir, faire usage de sa raison, en tout et partout, dans quelque position qu'on se trouve, au milieu des fous comme parmi les sages, dans le tourbillon du monde comme dans la solitude et le silence du cabinet Maine de Biran, Journal,1816, p. 154.b Personne qui ne se conduit pas selon les lumiĂšres de la raison. Anton. cette science animale, qui ramĂšnerait le rĂšgne des fous et des mĂ©chants. Ne pas entendre les sommations de la crainte et de l'espĂ©rance. Un croyant est un homme pour qui sa propre humeur vaut preuve. Et contre cette mauvaise science, de TibĂšre, de NĂ©ron, d'HĂ©liogabale, il faut de la volontĂ© seulement Alain, Propos,1914, p. 18218. Les restrictions gouvernementales sont en raison inverse de la perfection des individus. Or tous seraient comme nous, si tous avaient notre culture, si tous possĂ©daient comme nous l'idĂ©e complĂšte de l'humanitĂ©. Pourquoi toute libertĂ© est-elle accompagnĂ©e d'un danger parallĂšle et a-t-elle besoin d'un correctif? C'est que la libertĂ© est pour les sages comme pour les fous. Mais quand tous seront sages, ou quand la raison publique sera assez forte pour faire justice des insensĂ©s, nulle restriction ne sera nĂ©cessaire. Renan, Avenir sc.,1890, p. 354.⊠La folle du logis. L'imagination. Racine n'avait pas, comme Mmede SĂ©vignĂ©, de l'imagination Ă revendre et Ă tout propos ... sa folle du logis ne lui Ă©chappait pas bon grĂ©, mal grĂ©, Ă tort et Ă travers Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 3, 1863-69, p. 59.2. Dans le domaine de la critique artistique ou de la qui atteint Ă une vĂ©ritĂ© spirituelle en refusant de s'assujettir aux lois de la raison et/ou aux normes sociales. Fou sublime vieilli, fou de gĂ©nie. Il est vrai que les grandes Ćuvres de ce monde ont toujours Ă©tĂ© accomplies par des fous. Croyez-vous, Madame Martin, que si saint François d'Assise avait Ă©tĂ© raisonnable, il aurait versĂ© sur la terre, pour le rafraĂźchissement des peuples, les eaux vives de la charitĂ© et tous les parfums de l'amour? France, Lys rouge,1894, p. 12519. ... le mental prĂ©fabriquĂ©, par sa surabondance, Ă©touffe les voix intĂ©rieures. De lĂ , par rĂ©action, notre intĂ©rĂȘt pour le poĂšte et l'artiste, l'enfant et le fou, communautĂ© hĂ©tĂ©roclite, parfois choquante, oĂč sont groupĂ©s ceux qui, activement ou passivement, vivent encore en prise directe sur leurs mobiles intimes, hors du communisme des activitĂ©s rationnelles. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 53.⊠Fou de Dieu. Par devant l'Esprit Saint l'ascĂšte se prĂ©sente en mendiant, en aveugle, en estropiĂ©, en malade, en fou d'amour, et son Ă©lan de fou de Dieu l'emporte Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 147.D.â HISTOIRE1. Fou de cour, de qqn, p. ell. fou. Bouffon attachĂ© Ă la personne de certains hauts personnages roi, prince.... Un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargĂ©s de faire rire les rois Baudel., PoĂšmes prose,1867, p. 33.Un fou, bizarrement coiffĂ© du bonnet Ă grelots Gautier, Guide Louvre,1872, p. 42.Feste, le fou de la comtesse Olivia Duhamel, Suzanne,1941, p. 269.â P. anal. Le bourgeois adopta Murger parce qu'il trouvait en lui ... ce mĂ©lange du maniaque, du bouffon, de l'affamĂ© et de l'inspirĂ© qu'il appelle l'artiste, et qui constitue le vĂ©ritable fou de la dĂ©mocratie Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 88.L'atelier avait en lui son amuseur et son fou, un fou dont il n'aurait pu se passer Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 26.2. FĂȘte des fous. FĂȘte bouffonne, au Moyen Ăge, qui consiste en une parodie des offices religieux. Il y eut aussi la fĂȘte des fous ... les acteurs Ă©lisaient un Ă©vĂȘque qu'ils intrĂŽnisaient en des cĂ©rĂ©monies ridicules; et ce bouffon bĂ©nissait dans la basilique, le peuple et prĂ©sidait Ă des offices dĂ©risoires, tandis que les paysans, barbouillĂ©s de moĂ»t et dĂ©guisĂ©s en bateleurs ou en ribaudes, l'enfumaient avec du cuir de vieille savate, brĂ»lĂ© dans l'encensoir Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 266.Il n'est pas de composition sociale qui n'ait la contestation de ses fondements comme contrepartie, les rites le montrent les saturnales ou la fĂȘte des fous renversaient les rĂŽles G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 141.E.â JEUX1. PiĂšce du jeu d'Ă©checs qui se trouve au dĂ©but de la partie Ă cĂŽtĂ© du roi et de la reine et qui doit ĂȘtre dĂ©placĂ©e en diagonale. Sur l'Ă©chiquier, vous dĂ©placez les fous, les reines, les pions Daniel-Rops, Mort,1934, p. 335.2. Une des cartes des tarots suisses. Uranus est le fou du tarot p. 224.Rem. Nombreux emplois subst. Ă valeur de neutre Nous avions avec nous une jeune Espagnole ... Des pieds mignons Ă rendre une reine jalouse; Et puis sur tout cela je ne sais quoi de fou Gautier, PoĂ©s., 1872, p. 266. Ce camarade maintenant silencieux rĂȘvassant Ă ses familiĂšres visions d'Ă©pouvante avait quelque chose de fou, mais aussi quelque chose de sacrĂ© â ce qu'a toujours de sacrĂ© la prĂ©sence de l'inhumain Malraux, Cond. hum., 1933, p. 290.REM. subst. blanc des Charentes donnant un vin, qui, distillĂ©, fournit le cognac d'apr. Mont. 1967. C'Ă©tait l'Ă©poque oĂč le gamay dans le Nord-Est, la folle blanche dans l'Ouest et le terret dans le Midi voyaient leur Ăšre de culture s'emparer chaque annĂ©e de surfaces nouvelles Levadoux, Vigne,1961, p. 115.P. mĂ©ton. On arrosa le tout de folle-blanche, nommĂ©e ici piquepoult » ... et de jurançon Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 98. fofolle, adj. et subst.,fam. EspiĂšgle, Ă©cervelĂ©. Quelqu'un de tout fou, le jeune comte Octavian, assez foufou, assez lancĂ© sous les jupes des dames pour ĂȘtre connu sous le tendre nom de Quinquin » C. ClĂ©ment, L'OpĂ©ra ou La DĂ©faite des femmes,Paris, Grasset, 1979, p. 208. Follingue adj. et subst.,pop. et arg. Ils sont des quantitĂ©s comme ça, des follingues qui veulent du vice; on devrait les foutre en cabane, j'te le dis ClĂ©bert, Paris insoliteds Le Breton Argot1975. adj. et Personne un peu folle, excentrique. â Toi, tu as seulement besoin qu'on te rafraĂźchisse les idĂ©es, pauvre foutraque. Il l'empoigne par le fond des brayes et va le plaquer dans l'abreuvoir Pourrat, Gaspard,1922, p. 144.Prononc. et Orth. [fÉl], [fu]. La forme fol au masc. sing. est considĂ©rĂ©e comme vieillie dĂšs le xviies. cf. Fur. 1701 ,,On disait, autrefois, fol``; cf. Ac. 1694-1740, fol ,,on prononce fou et plusieurs l'escrivent ainsi``. On l'emploie uniquement devant voyelle ou h muet par raison d'euphonie. ParallĂšlement Ă l'usure de l'adj. sous sa forme fol, on assiste, surtout au cours du xixes., Ă un changement de place de l'adj. qui d'antĂ©posĂ© devient postposĂ© au subst. et, par consĂ©quent, se prononce toujours et s'Ă©crit [fu] fou. La forme fol subsiste devant voyelle et h muet dans des unitĂ©s syntagm. du type fol amour, fol hommage; on l'emploie encore dans des domaines archaĂŻsants tels que le droit, la poĂ©sie; on la conserve dans les proverbes bien fol est qui s'y fie, bien que LittrĂ© recommande d'Ă©crire fou dĂšs que le mot qui suit l'adj. n'est pas le subst. de cet adj. bien fou est qui s'y fie. L'ensemble des dictionnaires, dont Ac. 1762-1932, commentent l'emploi de fol sous fou, fol ne faisant l'obj. que d'une vedette de renvoi Ă fou. Les rem. sur fol sont valables pour d'autres adj. masc. du type mol/mou, bel/beau, vieil/vieux Ă cette rĂ©serve prĂšs que l'anc. forme de ces derniers adj. est moins usĂ©e que dans le cas de fol/fou, ex. un vieil homme, un bel enfant. Ătymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 fol subst. et adj. dĂ©raisonnable d'une personne » Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 229, 1207; dĂ©but xiies. id. d'une chose » St Brendan, Ă©d. E. G. R. Waters, 925 fole pöur; 2. 1580 Montaigne, Essais, I, 36, Ă©d. A. Thibaudet, p. 264 le fol du Duc de Florence. II. 1275-80 jeux fol J. de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 6634 et ros et fols et paonez; ibid., 6647 et 6684 fos; 1347 Jean Ferron, trad. de la Moralisatio super ludum scaccorum de Jacques de Cessoles, ms. Dijon, BM 525, fo191 ds Romania t. 77, p. 56 Des alphins et de leurs offices que aucuns appellent fols; 1611 fol Cotgr.; 1613 fou M. RĂ©gnier, Satire XIV, Ă©d. J. Plattard, p. 128. I du lat. class. follis soufflet pour le feu; outre gonflĂ©e; ballon; bourse de cuir » qui a pris Ă basse Ă©poque en emploi adj. le sens de idiot, sot » v. TLL 1018, 12. II fou a remplacĂ© l'a. fr. et m. fr. alfin, aufin xie-xves. d'apr. FEW t. 19, p. 48a, fil, empr., prob. par l'intermĂ©diaire de l'esp. alfil, Ă l'ar. al fil l'Ă©lĂ©phant », cette piĂšce ayant Ă©tĂ© Ă l'orig. reprĂ©sentĂ©e par un Ă©lĂ©phant. Le nom de fou vient peut-ĂȘtre d'une comparaison de la position des piĂšces du jeu d'Ă©chec avec celle du fou de cour auprĂšs du roi. Cf. a. prov. fol, peu aprĂšs 1276, Tenson de Peire et de Guilhem, vers 45 ds P. Meyer, Les derniers troubadours de la Provence ds Bibl. Ăc. Chartes, 6esĂ©rie, t. 5, p. 297. V. Devic, Lok., no605, FEW, loc. cit. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 12 289. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 12 941, b 19 179; xxes. a 21 465, b 18 034. Bbg. Bowman Fr. P.. Mod. Lang. Notes. 1976, t. 91, pp. 756-757. â Felman Sh.. La Folie ds l'Ćuvre romanesque de Stendhal. Paris, 1971, 253 p. â Grundt Ăt. sur l'adj. invariĂ© en fr. Bergen, 1972, p. 238. â Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 398. â VrbkovĂĄ V.. La MĂ©thode ds l'Ă©t. du ch. conceptuel de l'amour. SbornĂk PracĂ Filos. Fak. brn. Univ. 1971, t. 20, p. 26.
Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, treize Ătats membres de lâOrganisation du traitĂ© de lâAtlantique nord OTAN, dont les Ătats-Unis, la France et lâAllemagne, bombardaient la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie. Cette guerre dura soixante-dix-huit jours et se nourrit de bobards mĂ©diatiques destinĂ©s Ă aligner lâopinion des populations occidentales sur celle des Ă©tats-majors. Les Serbes commettent un gĂ©nocide », jouent au football avec des tĂȘtes coupĂ©es, dĂ©pĂšcent des cadavres, arrachent les fĆtus des femmes enceintes tuĂ©es et les font griller », prĂ©tendit le ministre de la dĂ©fense allemand, le social-dĂ©mocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les mĂ©dias ; ils ont tuĂ© de 100 000 Ă 500 000 personnes » TF1, 20 avril 1999, incinĂ©rĂ© leurs victimes dans des fourneaux, du genre de ceux utilisĂ©s Ă Auschwitz » The Daily Mirror, 7 juillet. Une Ă une, ces fausses informations seront taillĂ©es en piĂšces â mais aprĂšs la fin du conflit â, notamment par lâenquĂȘte du journaliste amĂ©ricain Daniel Pearl The Wall Street Journal, 31 dĂ©cembre 1999. Tout comme se dĂ©gonflera lâune des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siĂšcle le plan Potkova fer Ă cheval », un document censĂ© prouver que les Serbes avaient programmĂ© lâ Ă©puration ethnique » du Kosovo. Sa diffusion par lâAllemagne, en avril 1999, servit de prĂ©texte Ă lâintensification des bombardements. Loin dâĂȘtre des internautes paranoĂŻaques, les principaux dĂ©sinformateurs furent les gouvernements occidentaux, lâOTAN ainsi que les organes de presse les plus respectĂ©s 1. Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position Ă©ditoriales servent alors de rĂ©fĂ©rence au reste de la galaxie mĂ©diatique française. Sa rĂ©daction, dirigĂ©e par Edwy Plenel, admet avoir fait le choix de lâintervention 2 ». En premiĂšre page de lâĂ©dition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce Ce plan âFer Ă chevalâ qui programmait la dĂ©portation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dĂ©voilĂ©es la veille par le ministre des affaires Ă©trangĂšres allemand, lâĂ©cologiste Joschka Fischer. Ce plan du gouvernement de Belgrade dĂ©taillant la politique de nettoyage ethnique appliquĂ©e au Kosovo ⊠porte le nom de code de plan âFer Ă chevalâ, sans doute pour symboliser la prise en tenaille des populations albanaises », Ă©crit Vernet, pour qui la chose paraĂźt faire peu de doutes ». Deux jours plus tard, le quotidien rĂ©cidive sur toute la largeur de sa une » Comment [Slobodan] MiloĆĄeviÄ a prĂ©parĂ© lâĂ©puration ethnique ». Le plan serbe âPotkovaâ programmait lâexode forcĂ© des Kosovars dĂšs octobre 1998. Il a continuĂ© dâĂȘtre appliquĂ© pendant les nĂ©gociations de Rambouillet. » Le Monde Ă©voque un document dâorigine militaire serbe » et reprend Ă nouveau les allĂ©gations des officiels allemands, au point de reproduire lâintĂ©gralitĂ© dâune note de synthĂšse â ce quâon appellerait aujourdâhui les Ă©lĂ©ments de langage » â distribuĂ©e aux journalistes par lâinspecteur gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e allemande. Berlin entend alors justifier auprĂšs dâune opinion plutĂŽt pacifiste la premiĂšre guerre menĂ©e par la Bundeswehr depuis 1945, de surcroĂźt contre un pays occupĂ© cinquante ans plus tĂŽt par la Wehrmacht. Or ce plan est un faux il nâĂ©mane pas des autoritĂ©s serbes, mais a Ă©tĂ© fabriquĂ© Ă partir dâĂ©lĂ©ments compilĂ©s par les services secrets bulgares, puis transmis aux Allemands par ce pays, qui fait alors du zĂšle pour rentrer dans lâOTAN. Le pot aux roses sera rĂ©vĂ©lĂ© le 10 janvier 2000 par lâhebdomadaire Der Spiegel et confirmĂ© douze ans plus tard par lâancienne ministre des affaires Ă©trangĂšres bulgare. A posteriori, le document aurait dĂ» inspirer dâautant plus de mĂ©fiance que fer Ă cheval » se dit potkovica en serbe, et non potkova, ainsi que le remarqua dĂšs le 15 avril 1999 le dĂ©putĂ© allemand Gregor Gysi devant le Bundestag. En mars 2000, le gĂ©nĂ©ral de brigade allemand Heinz Loquai exprime dans un livre ses doutes sur lâexistence dâun tel document » ; son enquĂȘte oblige M. Scharping Ă admettre quâil ne dispose pas dâune copie du plan » original. Au mĂȘme moment, le porte-parole du Tribunal pĂ©nal international pour lâex-Yougoslavie qualifie les Ă©lĂ©ments du prĂ©tendu plan de matĂ©riel peu probant » Hamburger Abendblatt, 24 mars 2000 ; et la procureure Carla Del Ponte nây fera mĂȘme pas rĂ©fĂ©rence dans lâacte dâaccusation de MiloĆĄeviÄ en 1999 puis en 2001. La guerre, avait expliquĂ© Plenel peu aprĂšs le dĂ©but des bombardements, câest le dĂ©fi le plus fou pour le journalisme. Câest lĂ quâil prouve ou non sa crĂ©dibilitĂ©, sa fiabilitĂ© 3. » Lâinvestigateur nâest jamais revenu sur ce grand Ă©cart avec lâamour des petits faits vrais » quâil proclame dans son livre pamphlet en faveur de lâintervention de lâOTAN 4. Le Monde Ă©voquera Ă nouveau le faux, mais comme sâil lâavait toujours considĂ©rĂ© avec prudence âFer Ă chevalâ reste un document fort controversĂ©, dont la validitĂ© nâa jamais Ă©tĂ© prouvĂ©e » 16 fĂ©vrier 2002. SpĂ©cialistes des Balkans, les journalistes Jean-Arnault DĂ©rens et Laurent Geslin qualifient pour leur part le plan Potkova dâ archĂ©type des fake news diffusĂ©es par les armĂ©es occidentales, repris par tous les grands journaux europĂ©ens 5 ». La cĂ©lĂ©bration dâun anniversaire nâaurait pas justifiĂ© Ă elle seule quâon revienne sur cette affaire. Mais certaines de ses consĂ©quences pĂšsent encore sur la vie internationale. Pour ce qui fut sa premiĂšre guerre depuis sa naissance en 1949, lâOTAN choisit dâattaquer un Ătat qui nâavait menacĂ© aucun de ses membres. Elle prĂ©texta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies. Un tel prĂ©cĂ©dent servit les Ătats-Unis en 2003 au moment de leur invasion de lâIrak, lĂ encore aidĂ©e par une campagne de dĂ©sinformation massive. Quelques annĂ©es plus tard, la proclamation par le Kosovo de son indĂ©pendance, en fĂ©vrier 2008, mettrait Ă mal le principe de lâintangibilitĂ© des frontiĂšres. Et la Russie se fonderait sur cette indĂ©pendance lorsque, en aoĂ»t 2008, elle reconnaĂźtrait celles de lâAbkhazie et de lâOssĂ©tie du Sud, deux territoires qui sâĂ©taient dĂ©tachĂ©s de la GĂ©orgie. Puis en mars 2014 quand elle annexerait la CrimĂ©e. La guerre du Kosovo ayant Ă©tĂ© conduite par une majoritĂ© de gouvernements de gauche », et appuyĂ©e par la plupart des partis conservateurs, nul nâavait intĂ©rĂȘt Ă ce quâon revienne sur les falsifications officielles. Et on comprend sans peine que les journalistes les plus obsĂ©dĂ©s par la question des fake news prĂ©fĂšrent eux aussi regarder ailleurs. 1 Cf. Serge Halimi, Henri Maler, Mathias Reymond et Dominique Vidal, Lâopinion, ça se travaille⊠Les mĂ©dias, les guerres justes » et les justes causes », Agone, Marseille, 2014.2 Pierre Georges, directeur adjoint de la rĂ©daction du Monde, entretien accordĂ© Ă Marianne, Paris, 12 avril 1999.3 CitĂ© dans Daniel Junqua, La Lettre, n° 32, Paris, avril 1999, et reproduit sur novembre 2000.4 Edwy Plenel, LâĂpreuve, Stock, Paris, 1999.5 La Revue du crieur, n° 12, Paris, fĂ©vrier 2019.
ce qu il ya de fou dans le monde